Le 21 mai 2025, la Tunisie a franchi une étape décisive en matière de contact de travail. La loi n° 9-2025, publiée au Journal officiel (JORT n° 61 du 23 mai), redessine complètement le cadre des CDI & CDD.
Jusqu’alors, les deux types de contrats coexistaient avec une marge de manœuvre importante pour les employeurs. Désormais, la règle est claire : le CDI devient la norme et le CDD n’est possible que dans de rares exceptions, strictement définies par la loi.
Avant la réforme, les employeurs pouvaient conclure un CDD pour de multiples raisons : remplacement, surcroît d’activité, projets spécifiques, avec des durées maximales encadrées, mais parfois renouvelables plusieurs fois.
À présent, le CDI est le contrat de travail par défaut. Concrètement, tout contrat signé est réputé à durée indéterminée sauf si l’employeur peut prouver qu’il entre dans l’un des cas limitativement énumérés par la loi.
Cas autorisant un CDD :
En dehors de ces situations, un CDD est automatiquement requalifié en CDI, sans qu’aucune démarche du salarié ne soit nécessaire.
La réforme met fin aux contacts de travail CDD “de convenance” ou mal encadrés et voici les principaux changements :
Pour les CDI, la période d’essai est limitée à six mois, renouvelable une fois, avec un préavis minimal de 15 jours en cas de rupture.
La loi tunisienne a un effet rétroactif sur certaines situations, et implique les mesures transitoires suivantes :
Ces dispositions visent à intégrer dans l’emploi stable de nombreux travailleurs précaires.
La loi renforce également les droits des salariés en CDD légalement conclus. Ils doivent bénéficier des mêmes conditions que leurs collègues en CDI sur un poste équivalent, y compris :
De plus, ces salariés disposent désormais d’une priorité d’embauche en CDI pour un poste équivalent disponible dans la même entreprise.
La réforme ne se limite pas aux contrats de travail directs. Elle cible aussi certaines pratiques de sous-traitance considérées comme abusives.
Un salarié employé par une société prestataire, mais affecté à des activités essentielles de l’entreprise donneuse d’ordre, doit être intégré directement à cette dernière, avec maintien de son ancienneté.
Les entreprises tunisiennes disposent de trois mois pour se mettre en conformité. En cas de manquement, elles s’exposent à des amendes pouvant atteindre 10 000 dinars tunisiens, et en cas de récidive, des peines de prison.
Pour les entreprises tunisiennes, cette réforme des contrats de travail impose une réorganisation profonde de la gestion des ressources humaines.
Impacts majeurs :
La gestion de la période d’essai en CDI devient un outil stratégique pour évaluer les compétences et la compatibilité du salarié avec l’entreprise.
Du côté des travailleurs, la réforme des contacts de travail apporte une sécurité accrue. Les abus liés à l’enchaînement de CDD pour un même poste permanent sont désormais presque impossibles.
Avantages principaux :
Les salariés en CDD sont invités à vérifier que leur contrat répond bien aux nouvelles exigences légales. En cas de doute, l’inspection du travail ou les syndicats peuvent les accompagner.
Cette réforme n’est pas seulement une modification technique du Code du travail. Elle marque un changement profond dans la culture de l’emploi en Tunisie.
Les employeurs devront trouver un équilibre entre respect des nouvelles obligations et maintien d’une organisation agile. Certains pourront se tourner vers l’intérim autorisé ou des contrats de projet, mais la voie privilégiée restera le CDI.
Les salariés, eux, bénéficient désormais d’un cadre plus protecteur qui favorise l’engagement et la fidélisation. Une main-d’œuvre plus stable pourrait, à terme, améliorer la productivité et la qualité des services.
La loi n° 9-2025 transforme le paysage contractuel en Tunisie :
Pour les entreprises comme pour les travailleurs, comprendre et appliquer ces nouvelles règles est dorénavant essentiel pour évoluer dans un marché du travail plus encadré et plus protecteur.